Howard Phillips Lovecraft fut le témoin des multiples avancées scientifiques qui bouleversèrent la société du début du XXe siècle. Découvrant la chimie à un jeune âge, il se passionna également pour l’astronomie qu’il souhaita enseigner sans y parvenir. Se penchant aussi sur d’autres disciplines, il publia maints articles de vulgarisation scientifique, parfois accompagnés de croquis explicatifs. Plus tard, l’auteur s’illustra dans le domaine de la littérature fantastique dont il fut un connaisseur éclairé. Cependant son art différait profondément de celui de ses précurseurs. Si une lecture superficielle pouvait laisser à penser que les éléments perturbants qui charpentaient ses intrigues étaient de nature surnaturelle, une approche plus approfondie prouve qu’il n’en est rien. En particulier dans le « Cycle de Cthulhu ». Ses créatures gigantesques ou terrifiantes, qui engendrent la peur, n’ont pas pour origine la tradition mythologique ou folklorique de ses inspirateurs mais sont, au contraire, les fruits de sa culture scientifique, même s’il évoquait une évolution aux dimensions cosmiques. Si les perspectives de l’humanité se limitent trop facilement à sa seule histoire, Lovecraft n’eut de cesse de rappeler son insignifiance à l’échelle de l’univers. Ainsi, si sa terreur face à cette immensité peut emprunter un caractère irrationnel, son origine, elle, est toujours justifiée par la nature, même si encore obscure. Comme peuvent l’être par exemple ces hybridations qui s’effectuent dans les lieux infectés par l’écho de leur présence. Alors qu’elles semblent avoir l’allure de transmutations magiques, Lovecraft affirme qu’elles ne relèvent que du résultat de croisements biologiques. Pour aussi choquant que cela puisse paraître.